Le désir viril, ses mystères, ses vicissitudes, le plaisir et le couple Editions Albin Michel, Paris, 260 p.

L’auteur est psychanalyste et a publié différents ouvrages n’ayant rien à voir avec la sexualité en général ni l’homosexualité en particulier, ce qui rend son essai d’autant plus intéressant car plus objectif. Si son approche est fortement marquée par les préoccupations propres à la psychanalyse (le lien étroit entre genre psychologique et genre physiologique, la construction psychique du genre masculin, le rapport à la mère, la perversion, la névrose et l’inhibition), le vocabulaire est relativement accessible à qui recherche des bases théoriques et conceptuelles pour rendre ses désirs intelligibles, que l’on soit un homme hétéro, homo ou bisexuel.

Comme dans l’ouvrage de Marina Castaneda, l’auteur cite abondamment ses patients, ce qui donne à son approche un aspect vivant et humain. Ces citations le conduisent à des détours bienvenus par la littérature, la poésie ou l’histoire des mentalités, pour aboutir à des définitions limpides, telles que : “ les fantasmes sexuels ont pour rôle de maintenir en vie des représentations qui permettent de retrouver la révélation qu’a été la jouissance sexuelle. ” La sexualité est présentée dès l’enfance, y compris dans ses traumatismes et jusque dans ses aspects les plus anodins, tels que la séduction. Mais l’objet (féminin, ou masculin) du désir est relativement moins évoqué que le rapport même de l’homme à son désir : on peut donc lire ce livre en appliquant ce qu’il enseigne à un désir homosexuel comme à un désir hétérosexuel.

Sont ainsi abordés les mécanismes de la jouissance masculine, le fétichisme, le sadomasochisme, la nomination du sexe, la polygamie de l’homme, la sexualité des prêtres, la maturation sexuelle de l’adolescent… A ce dernier sujet, l’homosexualité est présentée comme nécessaire à la construction sexuelle de chaque homme, afin de lui permettre de déterminer librement son désir.

En regard de la sexualité masculine, différents aspects de la sexualité féminine sont évoqués : jouissance clitoridienne, fantasmes, monogamie… L’analyse de la jouissance anale est cependant peu convaincante, en raison de l’absence de toute allusion à la sodomie homosexuelle. Et dans sa façon de relativiser la procréation en mettant en avant l’épanouissement sexuel, l’auteur oublie de préciser que dans l’affirmation “ la santé du génital est irrémédiablement liée à la complémentarité du viril et du féminin ”, ceux-ci peuvent aussi bien se rencontrer chez un même individu.