Paris le 1er septembre 2018

Le dimanche 26 août, dans l’avion qui le ramenait d’Irlande le pape a répondu à un journaliste qui lui demandait ce qu’il dirait à des parents dont l’enfant s’avère homosexuel « Je leur dirais premièrement de prier, ne pas condamner, dialoguer, comprendre, donner une place au fils ou à la fille. […] Quand cela se manifeste dès l’enfance, il y a beaucoup de choses à faire par la psychiatrie, pour voir comment sont les choses. C’est autre chose quand cela se manifeste après vingt ans. […] Je ne dirai jamais que le silence est un remède. Ignorer son fils ou sa fille qui a des tendances homosexuelles est un défaut de paternité ou de maternité ».

Le “verbatim” diffusé le soir-même par le Vatican omet le mot « psychiatrie », et c’est heureux, mais la maladresse du pape questionne nombre de personnes LGBT et de chrétien.ne.s sur les leçons à en tirer. En effet, cette maladresse renvoie à des courants de pensée réactionnaires de l’Eglise catholique.

Si la prière, l’écoute, le dialogue et la place accordée dans la famille nous semblent des conseils judicieux, le recours à la psychiatrie pour les enfants est totalement inapproprié et inacceptable. Il suppose que l’orientation homosexuelle relève de la maladie et qu’elle peut être « guérie » par un suivi psychologique voire des soins psychiatriques. Or cela est faux et nous connaissons nombre de personnes dont les vies ont été saccagées par ces tentatives vaines de pseudo-guérison via des procédures psychiatriques, des exorcismes ou des recours à d’autres pseudo-thérapies, notamment pour les plus jeunes, toutes aussi violentes que vaines. L’homosexualité a d’ailleurs été retirée depuis 1990 de la liste de l’OMS des maladies psychiatriques. Une fois de plus, ce type de propos ne permet pas de considérer que l’Eglise catholique est un interlocuteur crédible des pouvoirs publics sur les questions de sexualité.

D’un côté nous saluons les efforts que le pape déploie pour que les personnes LGBT soient moins rejetées dans l’Eglise catholique, notamment avec sa déclaration « qui suis-je pour juger ? » lancée en 2013 à son retour des Journées mondiales de la Jeunesse au Brésil, ou avec l’exhortation apostolique Amoris Laetitia [en faveur de l’amour dans les familles], qui appelle à un accueil respectueux des personnes homosexuelles. De plus des groupes d’accueil inclusif des personnes LGBT et de leurs proches se sont créés dans de nombreux diocèses et paroisses en France.

D’un autre côté, nous demandons au Pape qu’il mette en pratique au sein de son Eglise vis-à-vis des personnes LGBT les mêmes conseils qu’il donne aux parents d’enfants homosexuels: ne pas condamner, dialoguer, comprendre, donner une place. Nous demandons à l’Eglise catholique de sortir de l’ambiguïté.

Nous l’appelons à donner des signes clairs et concrets, tels que la suppression dans son catéchisme de 1992 de la mention « les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés » et la condamnation sans équivoque des pseudo-thérapies de « conversion » de l’homosexualité. Ce serait un acte fort d’ouverture et de respect, partout sur la planète.

 

Le bureau du Carrefour des chrétiens inclusifs
Le bureau national de David & Jonathan