Intervention d’Antony Favier co-président de David & Joanthan sur France 24 – 27/08/2018 (lien)

 

 

 

 

 

 

 

 

France Info – 27/08/2018 (lien et lien)

« On ne peut pas laisser passer ça » : une association LGBT+ chrétienne « déçue » des propos du pape sur les enfants aux « tendances homosexuelles »

Son intervention fait déjà polémique. Le pape François a recommandé dimanche 26 août le recours à la psychiatrie aux parents dont les enfants montrent des « tendances homosexuelles ». « Quand cela se manifeste dès l’enfance, il y a beaucoup de choses à faire par la psychiatrie, pour voir comment sont les choses, a estimé le souverain pontife, dans l’avion qui le ramenait d’Irlande à Rome. Il a aussi estimé que « le silence » n’était pas un « remède » : « Ignorer son fils ou sa fille qui a des tendances homosexuelles est un défaut de paternité ou de maternité. »  Des propos qui ont « déçu » Anthony Favier, coprésident de l’association LGBT+ chrétienne David & Jonathan.

Franceinfo : Comment réagissez-vous aux propos tenus par le pape ?

Anthony Favier : C’est dur de réagir sur une phrase, mais on est déçus de la réponse du pape François. Faire le lien spontané entre orientation homosexuelle d’un enfant et psychiatrie donne le signal que l’homosexualité est potentiellement pathologique. Et on ne peut pas laisser passer une chose pareille.

Toutes les associations LGBT vous diront que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne voit plus l’homosexualité comme un trouble depuis les années 1990 [précisément, le 17 mai 1990]. Que des personnes aient besoin d’un accompagnement psychologique car elles sont homosexuelles ou que leur enfant est homosexuel, pas de souci.

Je nuancerais juste car selon le verbatim que j’ai sous les yeux, tout n’est pas négatif. Il dit que « le silence » n’est pas un « remède » : on comprend que les enfants sont incités à faire leur coming out à leurs parents. On peut saluer le fait qu’il dise qu’il faille être en vérité avec l’orientation sexuelle de ses enfants. Il invite aussi à ne pas renier ses enfants [« donner une place au fils ou à la fille »].

Franceinfo : Ses propos ne vous ont-ils pas d’autant plus surpris que le pape François avait jusqu’à présent plutôt tenu un discours d’ouverture envers les personnes homosexuelles ?

Anthony Favier : Vous savez, c’est un moment très, très difficile pour le pape qui va en Irlande [rencontrer des victimes de prêtres pédophiles]. Il y a aussi les accusations de l’archevêque Carlo Maria Vigano [cet ex-ambassadeur du Vatican accuse le pape d’avoir couvert les abus sexuels d’un cardinal américain]. Il faut prendre en compte le contexte. Doit-il donner des gages au clergé, en montrant qu’il n’est pas trop indulgent ?

On ne peut pas juger tout un pontificat sur une phrase. Ses propos d’aujourd’hui n’invalident pas tout ce qu’il a dit précédemment, comme le « Qui suis-je pour juger ? »  lancé à son retour des Journées mondiales de la jeunesse au Brésil, en 2013. Ça reste le pape des deux synodes sur la famille – on n’a jamais eu des textes aussi ouverts sur ce sujet – et d’amoris laeticia [en faveur de l’amour dans les familles], qui appelle à un certain accueil des homosexuels. Ça reste le pape qui a reçu des personnes homosexuelles assumées.

Mais il n’a jamais changé le catéchisme de l’Église catholique, pour qui l’homosexualité est toujours un désordre qui ne doit pas se matérialiser dans les actes. Lui est cohérent avec cette doctrine que, nous, on aimerait bien voir changer. Mais l’Église catholique est une institution complexe, mondiale, qui comporte des millions de fidèles dans des pays très différents.

Franceinfo : Malgré tout, avez-vous l’impression que l’Église catholique progresse dans l’acceptation des personnes homosexuelles en son sein ?

Anthony Favier : Oui ! Un tiers des diocèses catholiques en France ont désormais des groupes de dialogue avec des familles d’homosexuels et des homosexuels. Il y a des diocèses où il y a des pèlerinages pour les personnes homosexuelles. On est beaucoup dans l’accompagnement et l’écoute, encore peu dans le changement de doctrine.

Le Parisien – 27/08/2018 (lien)

Extraits : « A l’association David & Jonathan qui milite pour les droits religieux des personnes LGBT, la déception est tout aussi manifeste : « C’est un vrai désastre, soupire Anthony Favier, cela revient de nouveau à sous entendre que l’homosexualité est une pathologie alors que pour l’OMS, l’affaire est classée depuis longtemps : elle l’a retiré de la liste des maladies mentales en 1990 » poursuit ce militant associatif qui se dit « malheureux ».

Anthony Favier veut croire à un « faux pas, une maladresse » : « d’ailleurs, sur le site du Vatican, ces propos ont été retirés de la retranscription de la conférence de presse » note-t-il. Mais comme beaucoup d’autres, il souhaite une clarification.

Le trouble est d’autant plus grand que jusqu’ici, Jorge Bergoglio avait étonné par son attitude beaucoup plus progressiste que ces prédécesseurs. Il y avait eu la petite phrase de Rio, mais pas seulement : « À diverses reprises, le pape a fait des signes d’ouverture » relève Anthony Favier. »

Homosexualité et “psychiatrie“ : qu’a vraiment voulu dire le pape ? 27/08/2018 (lien)

 

La réponse du pape est aussi un appel fort aux parents catholiques, comme le reconnaît Anthony Favier : « Tout n’est pas négatif. Il dit que « le silence » n’est pas un « remède » : on comprend que les enfants sont incités à faire leur coming-out à leurs parents. On peut saluer le fait qu’il dise qu’il faille être en vérité avec l’orientation sexuelle de ses enfants. Il invite aussi à ne pas renier ses enfants. » […]

C’est déjà lors d’un retour en avion que le pape avait eu des mots très forts concernant les personnes homosexuelles et l’accueil qui doit leur être fait : « Ses propos d’aujourd’hui n’invalident pas tout ce qu’il a dit précédemment, comme le « Qui suis-je pour juger ? » lancé à son retour des Journées mondiales de la jeunesse au Brésil, en 2013, confirme Anthony Favier. Ça reste le pape des deux synodes sur la famille – on n’a jamais eu des textes aussi ouverts sur ce sujet – et d’Amoris Lætitia, qui appelle à un certain accueil des homosexuels. Ça reste le pape qui a reçu des personnes homosexuelles assumées.

« Mais il n’a jamais changé le catéchisme de l’Église catholique, pour qui l’homosexualité est toujours un désordre qui ne doit pas se matérialiser dans les actes », déplore encore le co-président de David et Jonathan.

Propos du pape sur l’homosexualité – BFM 27/08/2018 (lien, lien et lien)

 

Extrait : « Pour Anthony Favier, co-président de David et Jonathan, un mouvement homosexuel chrétien, cette parole freine les avancées de l’église sur la question de l’homosexualité: « C’est une certaine déception. Le pape François ne nous avait pas habitués à cela. Il avait envoyé des signaux beaucoup plus positifs en accueillant des personnes ouvertement homosexuelles au Vatican. Là c’est plus compliqué avec ce qui vient de se produire, quelque chose s’est peut-être rompu » ».

Le Pape à propos des enfants homosexuels 27/08/2018 (lien)

Extrait : « Faire le lien spontané entre orientation homosexuelle d’un enfant et psychiatrie donne le signal que l’homosexualité est potentiellement pathologique. Et on ne peut pas laisser passer une chose pareille », a estimé, auprès de Franceinfo, le porte parole de l’association LGBT+ chrétienne David & Jonathan.

Têtu 27/08/2018 (lien)

Interrogée par TÊTU, une représentante de l’association LGBT+ chrétienne David et Jonathan regrette des propos qui peuvent être source de souffrance pour des catholiques LGBT+ : « C’est un retour en arrière et un signal qui n’est pas engageant pour tous les cathos homos qui, parfois, ne vont plus à l’Eglise de peur d’être stigmatisés. »
Et de conclure, amère : « Cela ne va pas aider à ressouder l’Eglise ».

 

Église et homosexualité : Pourquoi tant de malentendus ? – 06/09/2018 (lien)

« Les choses bougent dans les paroisses, se félicite Marie-Hélène Nouvion, coprésidente de David et Jonathan, un mouvement qui rassemble des chrétiens homosexuels. Je me suis récemment présentée à mon curé et quinze jours après, il est venu dîner à la maison et nous avons pu discuter, dans un climat d’ouverture. »