Voici les témoignages de membres de David & Jonathan lors de leur participation aux différentes Marches des Fiertés.

Alexandra G.Gay pride

« C’est ma 3e marche, mais la 1ère en tant qu’homo assumée. C’est grâce à une marche, par l’intermédiaire d’un trac distribué près du char, que j’ai pu découvrir D&J et m’y inscrire par la suite. C’est pourquoi j’avais très envie de faire la marche de cette année, celle de mon coming-out, avec D&J, et sur le char

Monter sur le char a été un acte fort d’affirmation, et une véritable victoire sur moi même. Cela a été très intense, un vrai moment de communion avec les gens qui défilent et ceux qui assistent. Un moment de joie. Et qui m’a donné envie de revenir, ça c’est sur ! J’ai certes ressenti un « micro-risque » d’être reconnue par mon entourage, mais je l’aurais interprété comme un signe qu’ils le sachent maintenant, et au final ça n’a pas été le cas. »

Martine L.

« J’ai participé à une dizaine de marches. J’aime y venir pour y retrouver des copains, voir commeDigital man - Network conceptnt le char a été conçu, si les déjistes sont mobilisés par la Marche des fiertés.

Je viens participer à la Marche en tant que déjiste. C’est important pour moi car cette asso est différente des autres, c’est cette différence qui m’intéresse. La Marche, c’est montrer la différence (au lieu de Gay Pride, dire Different Pride) et y compris celle de D&J dans le milieu LGBT, ainsi que la mienne au sein de D&J.

Ce qui m’a plu cette année, comme souvent, c’est monter sur le char et distribuer des tracts aux passants, échanger des regards, vivre ainsi des rencontres certes furtives, mais vraies. »

 Olivier P.

« Cette Marche n’était pas pour moi la première. Depuis que je suis arrivé à D&J en 2003, je n’en ai raté qu’une pour cause de mariage (hétéro) qui, en plus, n’était pas le mien.

Auparavant, la Gay Pride était pour moi une étrangeté dans laquelle je ne me reconnaissais pas. Depuis, la Marche m’est devenue une évidence. Chaque année, je suis sur le char de D&J presque toute l’après-midi, à me dandiner. Je m’éclipse pour jouer au voyeur des autres chars, humer ce Paris qui se revêt de couleurs, de fête, d’une exubérance qui mêle superficialité et gravité. Dans tout cela, l’envie de vivre au jour… enfin.

Je vis ces marches comme un témoignage : de la place de D&J dans le mouvement LGBT, d’une façon heureuse de conjuguer affectivité, sexualité et recherche spirituelle. Montrer que les déjistes ne sont pas coincés, essayer de me convaincre que je ne le suis pas non plus. Cette année, les casques aux couleurs de l’arc-en-ciel étaient une vraie belle trouvaille, alliant le fantasme de l’ouvrier et l’évocation de l’anniversaire de Stonewall. J’ai pu jouer au playmobil jaune, régressif et follement sexy !

Chaque année, je me glisse dans le travail que d’autres ont fait : inviter, louer, décorer le char. Je donne un peu de mon temps et de ma personne, le temps de quelques heures. Une militance aux accents de fête. »

Agnès H.

“Beaucoup de monde, de visages, d’objectifs fixés pour immortaliser l’image de l’union joyeuse et acceptée. Des yeux émerveillés, rêveurs, remplis de tendresse et d’espoirs pour les générations suivantes ; des couples de femmes et des couples d’hommes dans la foule, qui acclament “Vive les mariées !” ; des murmures : “Qu’elles sont belles !”

Des enfants, des hommes, des femmes, des parents, des sexagénaires, des hétéros, de jeunes ados délurés, des militants homos des premières luttes, des couples nouveaux qui s’aiment. Tous les regards convergent vers le défilé, les chars et les banderoles.

La chaleur a remplacé la fine pluie de midi. Des applaudissements, des sifflements. Des “baisers à la mariée”, des soulèvements de jupon qui portent bonheur. Des goulots d’étranglement formés par des amas de spectateurs. Le plaisir d’être véhiculée dans une belle voiture de collection ; certains amateurs s’arrêtent, extatiques.Marche des Fiertés photo : P.Razzo/Ciric

Des photographes, tels des professionnels, nous font prendre la pose : sur le côté, avec le bouquet de roses blanches, les yeux amoureux ; par l’arrière, la main posée sur le capot, les voiles au vent ; ou encore de face, en prenant le risque d’être écrasés par la voiture. Parfois aussi de forts près. Parfois même sans demande ni sourire. Quelques personnes aussi se font photographier avec l’une de nous, et plus souvent encore avec nous deux. Elles nous attrapent, décrochent la plupart du temps notre voile, nous tirent de notre assise vers l’extérieur, tout en tâchant de sourire, de faire vite et de ne pas se faire rouler dessus.

D’autres sont ivres, puent la bière et crient plus fort que les baffles des chars de discothèques hurlantes. Une femme et sa compagne nous interpellent et témoignent de leur vie : trente ans de couple et trois filles de notre âge… enfin, elles vont se marier ! Elles en rêvent depuis trente années.

Et cette femme du quartier St Germain, imperturbable dans sa tache ménagère du samedi après-midi, sur son escabeau, de profil, nettoyant lentement ses carreaux. Et cet homme travesti en paon vert, qui avance en sens inverse entre nos deux carrosses. Et l’adjoint au maire du 12e arrondissement qui m’attrape la main, me raconte que le matin même, il a célébré seize mariages, et qu’il s’étonne de ne pas nous avoir vues, qu’il aurait souhaité que nous soyons les dix-septième ! Je lui réponds qu’on en reparlera après 2007. Beaucoup de jeunes nous ont demandé si nous étions vraiment mariées, si nous étions un vrai couple !

Les interviews télé se succèdent : M6, France 2, France 3, Pink TV ! Les regards des amis qui viennent nous faire la bise. L’allégresse. Parfois, notre Mustang traverse des zones plus hétéros ; alors, on a l’impression d’être dans un spectacle de cirque, d’être des curiosités… encore.

Pas une seconde de libre, ne serait-ce que pour boire un peu d’eau, pour bavarder entre nous. Toujours chercher du regard l’objectif de l’appareil photo, pour sourire et offrir de beaux souvenirs à toute cette foule enchantée.”