Témoignages de D&Jistes nantais-e-s

 

Extrait de Garçon Magazine n°130 – Mars-Avril 2017

L’association D&J a bien évolué en 45 ans d’existence, après avoir été fondée par un petit groupe de Catholiques parisiens. Avec ses 400 adhérent-e-s réparti-e-s sur une vingtaine de groupes en province et à Paris, D&J se veut une force d’interrogation, autant envers les Eglises qu’envers les autres associations LGBT. Témoignages de membres du groupe de Nantes.

Propos recueillis par Pierre Cocheteux

Témoignage de M. (femme)

Un nouveau membre de notre groupe nantais me disait récemment : « En arrivant à David & Jonathan, j’ai tout de suite apprécié la présence des femmes (autant que d’hommes !). La mixité dans le monde LGBTI, c’est une chance et une ouverture sur la différence », et une adhérente ajoutait : « moi, j’aime qu’on puisse parler de ce qui nous touche en profondeur, ce que nous faisons chaque mois lors des rencontres « Spiritualités plurielles » où chacun-e parle de ce qui est important pour lui/elle, dans un climat de confiance et de convivialité. »

A partir du moment où j’ai découvert mon homosexualité, j’ai rencontré des Chrétien-ne-s qui m’ont acceptée comme je suis, qui m’ont dit : « Qui sommes-nous pour te juger ? » J’ai fait tomber le voile de la honte et de la culpabilité devant Dieu.

Oui, à partir de là, je me suis réconciliée avec le Seigneur, avec l’Eglise. Bien qu’au sein de celle-ci, des propos homophobes soient prononcés, je sais et suis convaincue de la certitude de son Amour pour moi. Un Amour inébranlable, inconditionnel et sans jugement.

Depuis, je pratique ma religion catholique, et je me sens à ma place, dans l’Eglise qui est la maison de Dieu. Elle rassemble mes frères et mes sœurs hétéros, dont certain-e-s sont contre ma communauté homosexuelle. Ces frères et sœurs, je les aime comme Le Seigneur me le demande. Même s’ils nous blessent, nous rejettent.

Car ce qui reste d’une vie sur terre, c’est le Bien et le Mal. J’ai choisi le Bien. C’est comme ça que je me sens vivante. Dans la haine, la tristesse, je meurs, alors je choisis la vie. Je garde la tête haute d’être lesbienne et enfant de Dieu, sans aucune honte devant un Père aimant.

Témoignage de HB. (homme)

J’ai découvert assez récemment, à travers David & Jonathan, la réalité LGBT nantaise. Ayant toujours vécu hors « ghetto », je n’avais qu’une idée lointaine de ce que peuvent vivre certain-e-s adhérent-e-s des associations formant ce groupe.

La nature m’a fait gay, mais un gay « transparent », « passe-partout », aussi n’ai-je jamais eu à subir les coups de boutoir de l’infamie, connaître la haine et souffrir du rejet des autres car mon corps n’affiche pas visuellement les souffrances trop longtemps intériorisées d’un état mal accepté. Parallèlement, la famille dont je suis issu a témoigné, tout au long de ma vie, protection, compréhension et sens de la charité chrétienne.

Autant dire que je me sens infiniment privilégié et rends grâce à Dieu lorsque, dans ce nouveau contexte relationnel, je découvre les difficultés quotidiennes de mes compagnons-es. Je dirais que, de tou-te-s ces rejeté-e-s, ce sont les Trans qui m’émeuvent le plus, car leur parcours d’acceptation a dû passer par la modification des apparences, et on ne peut que se sentir infiniment touché-e par ce que représente de combats intérieurs autant que de luttes sociales et humaines, un tel Himalaya à franchir. Aujourd’hui, je trouve en D&J le cadre fraternel qui me convient pour porter, lentement mais sûrement, contre vents et marées, les notions de respect, d’acceptation et de tolérance auxquelles tout humain peut prétendre. Et peu importe le nombre de lames (larmes ?) formant l’éventail arc-en-ciel de nos sensibilités.

Témoignage de FR. (femme)

Lorsque j’ai découvert à 50 ans mon homosexualité et que j’ai fait mon « coming out », j’étais très engagée dans ma ville et ma paroisse… Sept ans plus tard, seules deux amies de cette ville sont restées en contact avec moi. En déménageant, j’ai trouvé une autre paroisse qui m’a accueillie telle que j’étais et j’ai pu de nouveau vivre ma foi avec ma compagne de vie ; mais au début j’avais beaucoup de culpabilité en m’asseyant dans l’église : y avais-je ma place ? Etais-je en faute en tant qu’homosexuelle ? Pouvais-je continuer à communier après avoir quitté mon mari ?

En intégrant une association et en approfondissant ma foi, j’ai découvert qu’au départ, lorsque Jésus a quitté son pays pour partir sur les routes, il n’était suivi que par des personnes « différentes » : les plus pauvres, les prostituées, les malhonnêtes… Et peut-être les homosexuel-le-s ? Cela veut bien dire que Jésus aime tout le monde, que Jésus ne juge pas, que Jésus pardonne à tous. La grandeur de son amour est incommensurable ! Nous avons tous notre place dans son église… Lorsque j’entends que récemment, une jeune étudiante a été refoulée de l’église parce qu’elle a dit qu’elle était homosexuelle, cela me révolte !

Lorsque j’entends que cette même étudiante a été refoulée des Scouts d’Europe parce qu’elle était homosexuelle, cela me révolte !

Quand j’entends que nous, homosexuels, n’aurons notre place dans l’église que lorsque nous aurons une vie chaste, cela me révolte !

Parfois je me dis que nous ne croyons pas au même Dieu : Amour, Pardon et Tolérance… Mais je sais que les prières me calment et que le chemin que j’ai pris est respectable.

Le Seigneur me connaît et m’aime telle que je suis.

 

Pour en savoir plus :
www.davidetjonathan.com
contact.nantes@davidetjonathan.com