Mariage pour Tous … Evangile pour tous  !

Lors du discours inaugural de la conférence des évêques de France, le samedi 3 novembre 2012, le Cardinal André Vingt-Trois a eu la bonne idée de rappeler l’esprit du Concile Vatican II : « Le concile Vatican II n’est pas derrière nous, il est devant nous ! (…) Il est devant nous pour sa fécondité. Il est devant nous pour le développement des dynamismes qu’il a suscités dans l’Église, par l’intérêt qu’il a soulevé dans le monde. » Cette fécondité et ce dynamisme sont-ils bien à l’oeuvre dans cet exercice de communication face aux média ? En effet, l’épiscopat français s’insurge contre certains lobbies (qu’il se garde bien de nommer par ailleurs) qui oeuvreraient dans l’ombre en faveur du « mariage pour tous », mais au final les évêques utilisent leur réseau et leur influence sans état d’âme pour non seulement condamner mais répandre une information angoissante et trompeuse.

Depuis plusieurs dizaines d’années, des prêtres et des religieux homosexuels cherchent à vivre une double fidélité au sein de mouvement gay David et Jonathan : Fidélité à l’évangile et fidélité à une orientation sexuelle qu’ils n’ont pas choisie dans le respect de la dignité de tout homme et toute femme. Or nous constatons que jamais l’épiscopat français n’a daigné nous recevoir officiellement pour entendre notre parole (partagée avec d’autres mouvements gay chrétiens) et notre expérience (au contact avec des personnes de toutes convictions).

Mais, la question de fond est plus pernicieuse. Elle apparait dans cette formule lapidaire au sujet du mariage homosexuel : « Ce serait le mariage de quelques-uns imposé à tous. » Derrière cet argumentaire se cache la grande peur d’une institution riche et forte de ses prérogatives : N’est-ce pas le mariage hétérosexuel qui a été imposé à tous comme norme garante de la pérennité des institutions sociales, religieuses ou politiques pour reprendre les analyses de Michel Foucault ?

« La supercherie qui ébranlerait un des fondements de notre société et instaurerait une discrimination entre les enfants » n’est pas là où l’on croit ! En effet, les évêques rappellent l’exigence de la parité homme/femme : Or qu’en est-il dans l’institution ecclésiale depuis 2000 ans ? Ne serait-il pas temps de la mettre en oeuvre ? Ce qui fait peur à ces hommes d’Eglise dans la revendication homosexuelle est la fin programmée non pas de l’Eglise et de l’Evangile mais d’une certaine vision sexiste et machiste d’organiser et de penser le pouvoir.

L’Eglise catholique se targue d’être experte en humanité et se permet de donner des conseils alors qu’elle n’a su ni entamer les réformes nécessaires, ni demeurer fidèle aux intuitions de Jésus qui, durant sa vie terrestre, a fait place aux femmes sans les instrumentaliser et aux enfants afin qu’ils deviennent sujets.

Mgr André Vingt-Trois s’interroge à haute voix : « Que pouvons-nous faire ? Face à ces mesures qui menacent notre société, que pouvons-nous faire ? Que devons-nous faire ? » Nous lui conseillons de prendre le temps de nous consulter et d’accueillir vraiment la parole des hommes et des femmes de ce temps qui ne veulent plus souffrir en silence mais revendiquent un peu plus de « démocratie participative » au sein de l’Eglise. La revendication du « mariage pour tous » rejoint profondément l’appel subversif d’un évangile pour tous !

Des prêtres et des religieux de l’Association David et Jonathan Paris 15 Novembre 2012