Interventions de David & Jonathan dans les médias à propos du Synode sur la famille de l’Eglise catholique (suite)

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Le ParisienLe Parisien – 11 octobre 2015 – Christian : « J’ai été prêtre homosexuel »

Christian a été prêtre durant dix ans en Poitou-Charentes de 1995 à 2005.. Pour la première fois, il témoigne à visage découvert sur son homosexualité et sa vie d’homme d’Eglise.

Christian, prêtre dans une paroisse en Poitou-Charentes, est sorti du « placard », comme il dit, renonçant à son ministère pour l’amour d’un homme. C’était une décennie plus tôt que le Polonais Krysztof Olaf Charamsa, qui, il y a une semaine, a fait son coming out à la veille de l’ouverture du synode sur la famille à Rome, où il est justement question de la place de l’homosexualité dans l’Eglise.
« Je lui dis bravo, même si cela pourrait être contre-productif en braquant les évêques du synode », craint-il toutefois.

A l’époque, pas de buzz planétaire ni de foudres vaticanes. « Moi, je n’ai pas fait de vagues, je n’ai pas envie d’être le héros et le héraut d’une cause », précise d’emblée ce catholique âgé de 51 ans. Contrairement à son camarade de la curie, il n’a pas d’amertume. « J’étais un prêtre heureux », résume-t-il dans son pavillon près de Poitiers qu’il partage avec son compagnon.

«Le premier homophobe, c’était moi»

CM3C’est au séminaire que « tout a basculé », qu’il a « pris conscience » de cette « étrangeté » qui l’attire « vers les mecs ». « J’ai découvert ma sexualité dans les milieux de drague, notamment dans les parcs, avec la crainte de tomber sur des paroissiens », explique-t-il. Le jeune homme en parle alors ouvertement à son accompagnateur spirituel, un prêtre auquel il se confesse. Le regard n’est pas accusateur, au contraire. « Jamais on ne m’a dit au séminaire : Ce ne sera pas possible de devenir prêtre. En fait, le premier homophobe, c’était moi. On se sent différent », souligne-t-il. Auprès de ses collègues séminaristes, en revanche, il ne s’épanche pas, « c’est l’omerta ». « J’ai appris bien plus tard que sur les six de mon groupe, quatre étaient homos », recense-t-il.

En juillet 1995, il est ordonné prêtre. « J’étais tout à fait conscient de mon homosexualité, mais je me disais : Dieu m’aime tel que je suis. Dieu se fout de savoir si je suis homo ou pas. » Il s’investit alors dans son sacerdoce, tout en enchaînant les plans sans lendemain. Mais fin 2004, il fait une belle rencontre et tombe amoureux. Il est alors anéanti. « Je devais choisir entre l’homme que j’aime et la prêtrise », se souvient-il. Il confie son secret à un « groupe de prêtres proches du monde ouvrier ». Puis à son évêque. « Il ne m’a pas condamné, il m’a écouté, a été très bienveillant, tout en m’invitant à ne pas l’ébruiter. Je lui ai répété qu’il était hors de question que je mène une double vie. » Ensemble, ils réfléchissent à « une sortie honorable ».

«Il a fallu me décléricaliser»

En 2005, il est décidé, d’un commun accord, qu’il quitte officiellement sa paroisse, non pas pour un grand amour, mais pour un travail salarié. « Je pars sur la pointe des pieds. Quand je fais mes adieux aux paroissiens, je leur annonce que je vais devenir prêtre-ouvrier. » Il dort encore au presbytère jusqu’au jour où un confrère, ayant appris qu’il était gay, le somme de partir illico. Christian a vraisemblablement été victime de la dénonciation d’un fidèle qui l’a vu en couple. « Là, c’est un tsunami, je fuis, je me réfugie chez mon frère. » Il fait dans la foulée son coming out à sa famille qui réagit plutôt bien.

Pas simple de quitter la sacristie. « Il a fallu me décléricaliser. J’ai perdu des responsabilités, une reconnaissance sociale. J’ai mis quatre ou cinq ans à m’en remettre », lâche-t-il. Aujourd’hui, il est directeur d’une structure d’insertion. « Je remets les gens debout, c’est très proche de mon ministère au sens de l’Evangile. » Il est toujours croyant, va régulièrement à la messe, anime les chants dans sa paroisse. Celui qui a défendu le mariage pour tous milite pour que « l’Eglise change son regard et ses mots sur les personnes homosexuelles ». Au sein du mouvement homosexuel chrétien ouvert à tous David et Jonathan, il est aussi l’un des fers de lance du groupe prêtres, « un havre de paix, d’écoute, d’accompagnement » pour une vingtaine de curés et d’ex-curés gays.

Voilà dix ans qu’il n’a plus célébré de messe. Aux yeux de l’Eglise, pourtant, il est toujours prêtre. Il y tient. « Je le serai jusqu’à mon dernier souffle », martèle-t-il. Certes, il a été déchargé temporairement de ministère, mais il n’a jamais été relevé de ses fonctions. Il n’ambitionne pas de reprendre du service derrière l’autel, même s’il n’a pas oublié la main tendue de son évêque en 2005. « Il m’avait dit : Quand tu veux, tu reprends un ministère, on t’accueillera toujours. »

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VIDEO. Christian : «Quels que soient nos parcours de vie, l’essentiel c’est d’aimer»

 

 

liberationLibération – 12 oct 2015 – Elisabeth Saint-Guily
Homosexualité : un «soutien» ambivalent

François, l’ami des gays : faut-il y mettre ou non un point d’interrogation ?

A l’association chrétienne David et Jonathan, qui regroupe des homosexuels, on est enclin à une certaine indulgence vis-à-vis du jésuite argentin. «Nous sentons qu’il peut être un allié», estime Elisabeth Saint-Guily, porte-parole de David et Jonathan. Dont acte. Certes depuis son élection, François a multiplié les gestes d’ouverture. Comme sa fameuse réplique «Qui suis-je pour juger les gays ?» prononcée dans l’avion qui le ramenait du Brésil, qui fut l’un de ces grands moments, avec la visite à Lampedusa, qui inauguraient le pontificat. Mais deux ans plus tard, Bergoglio en est toujours aux gestes.

Lors de l’audience qu’il a accordée, le 1er septembre, à l’évêque contestataire Jacques Gaillot, il l’aurait encouragé à continuer à bénir les couples homosexuels et les couples de divorcés remariés. «La bénédiction est pour tout le monde», aurait déclaré le pape quand ce dernier lui racontait son apostolat… «Il a reçu pas mal d’homosexuels, discrètement le plus souvent, souligne de son côté la porte-parole de David et Jonathan. Mais il ne l’a jamais démenti.»  […]

Parallèlement à ces grands gestes (qui ne sont pas rien dans un monde catholique plutôt coinçé, voire homophobe), le pape n’a eu de cesse de rappeler – et même fermement – ces derniers temps que le mariage concernait un homme et une femme. Il l’a encore fait, dimanche, lors de son homélie à la basilique Saint-Pierre pour l’ouverture du synode. Alors un pape illisible ? [..]

«Nous ne sommes pas naïfs et nous n’attendons rien du synode, avoue Elisabeth Saint-Guily. Nous voudrions seulement que le pape François condamne clairement l’homophobie.»

CM4La nouvelle république – 14 octobre 2015 – Christian – Le prêtre a quitté son ministère pour l’amour d’un homme

Dans le quartier des Trois-Cités à Poitiers, quelques habitants connaissaient son homosexualité. Très peu savaient qu’il était prêtre. Directeur d’une structure d’insertion, Christian Michot est pourtant totalement immergé dans la vie de son quartier, mais extrêmement discret sur sa vie personnelle. Il a suffi qu’un journaliste du Parisien-Aujourd’hui cherche le témoignage d’un prêtre vivant son homosexualité pour qu’il se raconte. Christian Michot : « Je suis le référent national des prêtres homosexuels de l’association chrétienne David et Jonathan. J’ai accepté de témoigner. »

«  Dieu nous aime tels que nous sommes  »

Témoigner de sa foi en Jésus-Christ, de son engagement à « vivre l’Évangile » auprès des gens. Dire aussi la découverte progressive de son homosexualité quand il était au séminaire où il se confie à son accompagnateur spirituel. Ordonné prêtre en 1995, à 31 ans, il est envoyé au Clou-Bouchet, un quartier populaire de Niort, avant d’être nommé à Bressuire où, comme il le dit, « je suis tombé amoureux de celui avec lequel je vis aujourd’hui. » Il en informe Mgr Albert Rouet, évêque de Poitiers à cette époque. « Il m’a accueilli, écouté fraternellement. Pendant plusieurs mois, nous avons cherché la solution la plus humaine. » CM5
Au début, Christian Michot refuse de choisir entre l’homme qu’il aime et son ministère de prêtre. « Dieu nous aime comme nous sommes, avec notre sexualité, hétéro ou homo », argumente-t-il. Jusqu’au jour où la situation ne lui semble plus tenable. « Il était hors de question que je vive une double vie. » En accord avec l’évêque, il décide alors de quitter la paroisse où il exerce. « C’est mon choix, souligne-t-il. Je suis toujours prêtre, mais déchargé temporairement de l’exercice du ministère. Lors de mon ordination, j’ai pris l’engagement du célibat, mais j’ai compris que je ne pouvais pas le tenir. »
Christian Michot ne célèbre plus la messe. « Je ne demande pas à être réduit à l’état laïc. Je considère que l’ordination que j’ai reçue le 2 juillet 1995 ne peut pas être annulée. »
Dans le quartier des Trois-Cités, à Poitiers, où il trouve un emploi, il s’investit totalement dans son travail salarié : aider les gens en difficulté. Un accompagnement qui n’est pas loin de ressembler à son engagement de prêtre au service des autres.
A ceux qui le croisent avec son ami avec lequel il vit, il ne cache pas son homosexualité. « La sexualité est quelque chose de beau. C’est un don de Dieu. »
A notre journal, il confie qu’il ne s’attendait pas à l’impact médiatique de son témoignage au Parisien-Aujourd’hui. « Les journalistes me sollicitent de partout pour une interview. » Sa réponse aujourd’hui : s’immerger encore plus dans son engagement professionnel au service des autres.

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