Logo David et Jonathan 600*510Des groupes locaux de David & Jonathan et des sympathisants de l’association aux côtés de certains de nos membres ont réfléchi, dans le cadre du chantier national « relation avec les communautés de croyant.e.s et les Églises », aux « lineamenta » et aux questions préparatoires à la deuxième session du Synode romain sur la famille. Il en ressort plusieurs sentiments et réflexions.

Signes d’espoir et inquiétudes

Le texte intermédiaire avait été, pour un nombre non négligeable de nos membres, reçus positivement. En rupture avec les discours officiels romains, dans ce document, étaient évoqués les « dons et qualités » que les homosexuels pouvaient apporter aux communautés chrétiennes. De même, était relevé que, dans des couples de personnes de même sexe, « le soutien réciproque » pouvait constituer « une aide précieuse pour la vie des partenaires ».

En sortant d’une conception seulement négative de l’homosexualité, les pères synodaux semblaient s’écarter d’une discours uniquement de condamnation, même si les paragraphes de ce texte intermédiaire, à très peu de voix, n’ont pas été retenus à l’issue de cette première session du Synode. Nous avions néanmoins salué ce changement de discours. « C’est positif que notre réalité ait été nommée » avait alors déclaré notre co-présidente et porte-parole. Partir des réalités que l’on rencontre plutôt que des principes que l’on se donne est toujours positif. Ce document reste un modèle de ce qu’il serait réaliste, vu le poids important des forces conservatrices au sein du catholicisme, d’obtenir aujourd’hui de Rome comme position « ouverte » sur l’homosexualité contemporaine.

Toutefois, dans le texte final de la première session, les condamnations sans appel ni mesure ni nuance, dans une posture seulement à charge, des études de genre et de l’ouverture du mariage aux couples de personnes de même sexe, ou bien encore la dénonciation des pressions d’un prétendu lobbying international des groupes LGBT avaient toutefois lassé, voire meurtri et blessé.

Il ressortait finalement une certaine inquiétude devant le double discours de l’Église catholique concernant l’homosexualité. Dans les pays où elle est devenue un fait social, en voie de reconnaissance et d’intégration, on parle d’accueil et de respect. Malheureusement, dans de nombreux pays où l’homosexualité peut être criminalisée et continue d’entraîner des violations patentes des droits humains, l’engagement de l’institution catholique est beaucoup moins téméraire si ce n’est inexistant.

C’est donc, avec réalisme et pragmatisme, que nous avons reçu les « lineamenta » qui en sont issues et les questions préparatoires à la deuxième session du Synode de la famille qui se tiendra à Rome en octobre prochain.

Se tenir prêt-e-s par le dialogue et dans le témoignage

Dans ces linéaments, nous retrouvons beaucoup d’éléments que nous avons déjà discutés lors du premier questionnaire . Le registre de langue très soutenu du document ainsi que ses références permanentes à d’autres textes du Magistère ne rendent pas faciles son appropriation par les communautés chrétiennes, et ceci malgré les appels du pape François. L’aspect théorique du document assèche ce qui apporterait une ouverture aux situations vécues ou aux données les plus actuelles des sciences humaines ou socialeEglise accueil LGBTs, et — pourquoi pas ? — même certains travaux récents de théologie sur la famille et la sexualité.

Le paragraphe 55 et la question 40 de ce document préparatoire nous concernent particulièrement puisqu’ils portent spécifiquement sur le « soutien pastoral » possible aux personnes homosexuelles et à leur famille. Depuis quelques temps, il y a assurément eu une prise de conscience chez certains responsables catholiques sur l’invisibilité des personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres) et du travail pour mieux les accueillir au sein des communautés et mouvements. Des diocèses en France ont par exemple mis en place des équipes ou des groupes de réflexion, auxquels des membres de David & Jonathan peuvent, à titre personnel, participer.

Ceci est réjouissant, même s’il apparaît difficile de séparer rapidement la pastorale du discours sur la sexualité humaine, qui, pour beaucoup d’entre nous, reste, dans son état actuel, inadapté à la complexité des situations et demande une nécessaire mise à jour. De plus, malgré son ouverture qu’il ne faut pas négliger, le texte ne se départit pas de cette conception de l’homosexualité comme un « douloureux problème ». Il s’agirait d’un lourd fardeau qui affecterait seulement négativement les personnes ou leurs familles. Cela n’est jamais vu comme grâce possible ou une chance pour la vie spirituelle, voire pour l’engagement dans la société. L’ouverture à ce qui est vécu positivement a été, dans ce nouveau document, malheureusement occultée.

En tant qu’association nous nous tenons prêts, comme nous l’avons toujours fait depuis 43 ans, pour témoigner des réalités heureuses des personnes LGBT mais également des souffrances encore importantes que génèrent l’homophobie d’origine religieuse ou autre. Dans les actions que nous menons dans les écoles ou dans le dialogue que nous avons avec les communautés chrétiennes, David & Jonathan essaie de mettre en avant la parole de ses membres. Ils témoignent des joies et des peines, de la vie LGBT et de son lien possible avec la spiritualité. Nous nous tenons donc prêts pour poursuivre le dialogue et travailler à la mise en place de lieu de spiritualité inclusifs et accueillants.

Une réflexion menée par d’autres et à poursuivre

Inséré dans plusieurs réseaux d’associations ou aux côtés d’autres associations LGBT ou chrétiennes d’ouverture, notre association se reconnaît dans la réflexion menée par d’autres, avec justesse et souvent précision (voir le dossier ci-joint).

Les associations de la Fédération des Réseaux du Parvis (FHEDLES, Espérance 54), la Conférence Catholique des Baptisé.e.s de France, d’autres associations LGBT chrétiennes comme Réflexion et Partages ont livré d’intéressantes analyses ou témoignages qui nourrissent notre réflexion et, si elles sont lues, nous l’espérons, les travaux à venir.

Nous espérons que cette « synodalité » qui n’emprunte pas forcément les voies tracées d’avance par l’institution trouve quelques échos à Rome d’ici cet automne. En tout cas, nous prenons date pour la suite des événements et attendons, avec confiance et espoir, de voir l’horizon se lever pour nos frères et nos soeurs homosexuels dans le monde et, en particulier, celles et ceux qui doivent faire face à la violence homophobe.

Le Bureau National de David & Jonathan, le 6 mars 2015.

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Pièces jointes